Une bataille de pionniers qui fait encore jaser
Retour aux origines : Benny B, le premier à poser sa voix
Alors, qui a vraiment été le premier rappeur en France entre Benny B et IAM ?
Spoiler : c’est un débat qui sent le bitume, les vieux vinyles et les battles de breakdance.
Mais si on fouille dans l’histoire, Benny B, de son vrai nom Abdel Hamid Gharbaoui, se taille la part du lion.
Ce Belgo-Marocain, né en 1968 à Molenbeek, a commencé à rapper dès 1985, influencé par Michael Jackson, James Brown et MC Hammer.
En 1989, son tube « Vous êtes fous ! » avec DJ Daddy K et Perfect explose sur les ondes belges et françaises, devenant un phénomène télévisé – on se souvient encore de Jacques Martin dansant comme un possédé sur le plateau.
Perso j’étais fan a en reproduire les pas de danse dans les bals de mon village (oui la choré qu’on voit dans le clip ci-dessous…et bien on la connaissait par cœur) avec les potes de l’époque, habillés de jeans et treillis déchirés sur lesquels j’avais taggé à toute la bande des mots dont je me souviens plus le sens et dessiné/peint des Bart Simpson façon Benny B…la grande époque, j’avais 17 ans…
Et à l’époque pour reproduire les choré on avait pas Youtube et Internet…
On attendait le passage des clips, on l’enregistrait en direct sur une cassette et on bobinait/rembobinait la bande de la k7 pour faire les pause et replay…jusqu’à ce qu’elle fonde et disparaisse dans le magnétoscope…
Benny B lui-même clame haut et fort qu’il est « le premier millionnaire du rap français », un pionnier qui a vendu des millions de disques dans les années 90, bien avant que le streaming ne vienne tout bouleverser.
Son style dansant, presque festif, a marqué les esprits, même s’il n’a pas toujours été pris au sérieux par les puristes du rap engagé.
IAM, les architectes d’un rap plus sombre et conscient
Mais IAM, les Marseillais légendaires, ne se laissent pas voler la vedette si facilement.
Formé en 1988 par Akhenaton, Shurik’n, Kheops et Imhotep, le groupe a sorti sa première mixtape, Concept, en 1990.
Leur rap, plus narratif et ancré dans une imagerie égyptienne mystique, a posé les bases d’un mouvement plus conscient, influencé par le rap new-yorkais de Rakim.
Avec des titres comme « Je danse le mia » ou leur album culte « L’École du micro d’argent » (1997), IAM a bâti une carrière monumentale, devenant un pilier du rap français.
Pourtant, en 1990, ils étaient encore en phase d’émergence, jouant les premières parties pour Madonna ou les Rita Mitsouko, loin du statut de superstar qu’ils atteindraient plus tard.
Le verdict : Benny B a une longueur d’avance
Alors, qui gagne ?
Chronologiquement, Benny B l’emporte. Il rappe et se produit dès 1985, tandis qu’IAM ne se forme qu’en 1988 et ne sort rien de marquant avant 1990.
Mais IAM a structuré le rap français, lui donnant une profondeur que Benny B, plus pop et dansant, n’a pas explorée.
C’est une question de style autant que de timing : Benny B a ouvert la voie, IAM l’a enrichie.
Aujourd’hui, les deux restent des légendes, mais le débat continue de faire rage dans les cours d’école et sur les forums – et c’est tant mieux.